De la proto-histoire aux bâtisseurs

Dans cet exposé je croise plusieurs sources d’informations pour sortir des sentiers battus. Graham Hancock avec son livre l’Empreinte des Dieux est très controversé par la communauté des historiens et pourtant ces recherches donnent à réfléchir. De la même façon le disque de Nebra présenté au State Muséum of Prehistory à Halle en Allemagne n’est quasiment pas mis en comparaison avec le calendrier Sumérien.

Par rapport aux vérités établies la pensée doit s’accorder l’autorisation de vérifier ce qui lui est présenté et de continuer à chercher…

L’histoire dans sa grande discrétion recèle de vérités méconnues car elles n’appartiennent pas aux grands courants de communication qui en font une réalité acceptable par le plus grand nombre. Il en va ainsi des traditions chrétiennes que beaucoup voudraient qu’elles s’inspirent exclusivement des origines du livre.

C’est oublier l’influence manifeste des populations païennes dont la profondeur spirituelle ne pouvait qu’impacter le christianisme à la fois dans sa pratique et son expression. La Toussaint et Noël sont à l’évidence d’origine païenne et ont pris place dans le calendrier chrétien. Sur un registre complémentaire les évêques dans leur prosélytisme préféraient prêcher et édifier des églises sur les lieux de cultes des païens. Il existe de fait une forte corrélation sur le choix du lieu de construction des églises du 5ème au 12ème siècle et les lieux de culte païens.

La conversion des païens au christianisme n’enterrera pas plusieurs millénaires de spiritualité en quelques instants. A ce titre il serait hasardeux d’aborder l’art des bâtisseurs en ignorant les origines des nouveaux convertis, ceci d’autant que l’image associée aux païens est négative.

Un retour en arrière s’impose.

L’histoire semble retenir au rang de civilisations avancées que celles qui ont laissé des traces substantielles dans l’espace et le temps tels que des gravures, des constructions et des écrits.

L’idée de civilisation semble commencer avec les Sumériens.

Gobekli Tepe

Le site de Göbekli Tepe en Turquie en est un contre-exemple majeur. Abandonné pour des raisons inconnues à ce jour en 8000 avant JC il recèle de constructions dont la technicité ne semblaient pas relever des compétences des hommes du néolithique. L’histoire décrit ces hommes comme ayant connu une profonde révolution en adoptant un mode de vie sédentaire, l’introduction de l’élevage et des cultures. C’est également une nouvelle maîtrise de la pierre polie comme outillage et l’introduction de la poterie. Il est nullement fait question de construction. Pourtant à Göbekli Tepeil aura fallu penser, organiser, diriger un chantier de plusieurs centaines d’hommes sur près de 500 ans pour déplacer et superposer des blocs de pierre de plusieurs tonnes. En l’espèce il ne s’agit par de pierres levées et façonnées grossièrement comme à Stonehenge mais de blocs taillés et ajustés.

Le site Gobekli Tape signifie la colline ventrue. Inscrit en 2018 sur le liste du patrimoine mondial de l’Unesco

L’idée même de cette antériorité d’une civilisation inconnue à ce jour change notre rapport à l’histoire mais pour cela il aura fallu une preuve archéologique.

Cette conception scientifique d’aborder l’histoire avec des traces significatives pouvant être constatées, vérifiées, datées et répertoriées prend le risque d’écarter toute civilisation orale ayant pu exister. Y a t’il nulle chance d’exister valablement sans répondre aux exigences de l’axiome ; preuves archéologiques = civilisation avancée.

Aujourd’hui le regard des scientifiques sur les gaulois et plus globalement sur les celtes est en train de changer et de considérer qu’ils n’étaient pas aussi barbares que cela.

Autre exemple qui remet en question notre perception de l’histoire en Europe et plus précisément en Angleterre dans le Wessex. Le départ des Romains faisant suite au déclin de l’empire aurait précipité les anciennes colonies dans une période noire marquée de luttes incessantes avec des envahisseurs qualifiés de barbares. Ainsi une période allant de 350 à 600 après JC aurait connu un nombre considérable de combats. Vérifications faites par les anthropologues en examinant les tombes et les sites funéraires de cette période, moins de 10% des cas relèveraient de morts violentes. Nous sommes loin de ce que nous pensions.

Il semblerait que les textes de l’époque qui nous sont parvenus présentent de fausses vérités ou peut être des vérités arrangées comme l’étaient les mémoires de César. Aujourd’hui nous savons que la description des Gaulois faite par César répondaient à un besoin politique de justifier la guerre des Gaules devant le Sénat.

Les récentes découvertes du disque de Nébra et du cercle de Goseck en Allemagne datant respectivement de 1600 et de 4800 ans avant JC conduisent également à s’interroger sur l’existence d’anciennes cultures occidentales. Avec le cercle de Goseck leur avancée est bien antérieure à celle des sumériens, eux-mêmes réputés pour avoir inspiré les égyptiens dans leurs connaissances scientifiques.

Le disque de Nebra est un disque de bronze mis à jour en 1979 en Allemagne, Saxe-Anhalt, et datant de 1600 avant JC, c’est un véritable calendrier pour connaître les dates des semailles et des moissons. Au-delà de ces simples indications il détermine déjà la durée d’un mois à 29,5 jours que l’année solaire compte 365 jours et qu’il faut 33 années lunaires pour obtenir l’égalité en nombre de jours avec 32 années solaires. Nos livres d’histoire n’en parlent pas encore.

Disque de Nébra

Le cercle de Goseck dont la fonction est d’être un véritable outil astronomique a été découvert en 2003 dans la même région allemande et date de 4800 avant JC. Il est antérieur de presque 500 ans à tous les calendriers qui font références dans nos livres.

Cercle de Goseck

Ainsi plusieurs millénaires de cultures et de pensées ont précédé la présence romaine. Elles ont vu l’arrivée puis l’émergence de cette nouvelle religion jusqu’à se confondre pour ne pas dire s’allier avec elle. Il serait vain d’imaginer qu’une page du temps s’efface instantanément jusqu’à gommer les anciens dieux des peuples d’occident ou encore la plausible relation entre Gaïa, Isis et la Vierge. 

 Suggérer un lien ésotérique entre ces trois noms est surprenant mais la relation évidente entre Gaïa, Isis et la Vierge est une nécessité anthropologique pour chaque croyance en référence à ces noms. 

Comment faire admettre à des païens une religion avec un dieu de genre masculin qui écarterait toute présence de femme ou de mère ? Le Transitus Mariae à l’origine du culte marial ne trouve quasiment pas de fondements dans la bible, il s’agit d’une production des Pères de l’Eglise d’Orient à partir des années 476 dont la constitution dogmatique n’ a été retenue par le concile du 21 novembre 1964.

Il serait inopportun d’écarter l’idée que les sociétés bien que culturellement et spirituellement différentes soient hermétiques entre elles dans le temps et dans l’espace.

D’autres réalités sont surprenantes.

Nous avons appris qu’en l’an 434 Attila chef des Huns comme d’autres barbares parcouraient et dévastaient nos régions. Or Attila était chrétien arien. Aujourd’hui nous retenons que le qualificatif de barbare et nous ne mentionnons plus son adhésion à la foi chrétienne.

Or le concile de Nicée en 325 avait déjà condamné l’arianisme et ne reconnaissait plus comme chrétiens les fidèles de ce courant religieux.

De surcroît les romains qui étaient encore majoritairement païens plaçaient les barbares au plus bas de leur échelle sociale et considéraient qu’ils n’étaient tenus de tenir leur parole à l’encontre d’un barbare.

Rappelons qu’Attila est de la lignée de ces natifs de la plaine du Danube qui ont construit le cercle de Gosek et réalisé le disque de Nébra.

Plus au nord de l’Europe dans les pays scandinaves les populations sont restées principalement païennes il faudra attendre la fin des invasions vikings en 1066 pour que commence au XIIème une lente conversion au christianisme. D’évidence les missionnaires eurent fort à faire pour venir à bout des païens et au final leur imposer la foi chrétienne.

L’expansion du christianisme n’a jamais été un long fleuve tranquille mais le résultat d’un brassage de cultures où s’entremêlent les anciens dieux avec le panthéon des saints que nous connaissons actuellement. Les exemples sont multiples avec entre autres Sainte Brigitte qui efface Brigit ou Brigantia fille du dieu Dagda. Tous les saints cités par Jacques de Voragine n’ont pas forcément existé mais les nouveaux convertis pouvaient y retrouver des accointances patronymique avec leurs dieux.

Le langage a participé à cette évolution. Les migrations des peuplades indo-européennes de l’est vers l’ouest sur près de 2000 ans a posé les sèmes du vocabulaire pour toute l’Europe jusqu’à intégrer des vocables grecs et latins. L’expansion du christianisme passait principalement par l’oralité des langues elles même s’appuyant sur des écrits de plus en plus nombreux.

Les traditions orales des païens ont souffert de cette modernité car leur support était la mémoire. Les détenteurs de cette mémoire étaient bousculés de même que l’était leur société.

En France le latin était la langue du culte et restait incomprise par la plupart des fidèles. Chrétien de Troyes né en 1130 était le premier à écrire dans ce qui va être le français, une langue unique permettant de s’adresser au plus grand nombre et donc de porter la foi au plus loin.

La question mérite d’être posée sur la continuité d’une pensée païenne au travers du temps sa persistance, son adaptation, son influence et son accointance avec une société en évolution permanente.  

Jusqu’à l’an 1000 le paganisme est encore au centre de toutes les sociétés. L’expansion du christianisme a croisé, l’école Pythagoricienne ou le Mithraïsme, pour ne faire référence qu’à ces deux courants ésotériques qui ont contribué à faire bouger la réflexion des chrétiens sur leur appropriation des textes. Des conciles auront été nécessaires pour s’accorder sur le message adressé aux croyants jusqu’à s’assurer de l’acceptation des concepts religieux définis par les dogmes.

La résurrection était au centre du débat. Le débat était engagé avec ceux qui pratiquent le culte des anciens, avec ces chefs qui se faisaient reconnaître comme Dieu. Une société où seuls les forts pouvaeint entrevoir une suite à la mort. Ces chefs dont la mort donnait lieu à des combats entre les familles pour prendre le pouvoir. Une société remise en question à tous les niveaux de la société car le pouvoir revenait au plus fort.

Le christianisme apportait une nouvelle réponse, universelle permettant à tous d’accéder à la vie éternelle, quelque-soit sa condition, son origine et son rang dans la société.

La promesse d’une résurrection pour tous a séduit le plus grand nombre, le message tombait à point nommé sur un territoire disposé l’accepter à cette époque de transition politique. De fait une idée devient une force dès qu’elle se saisit de la masse. 

Le christianisme introduit également la notion d’hérédité pour la royauté et sa noblesse. La référence à Saul et David oints par la prophète Samuel est à l’origine du Saint Chrême et de la Sainte Ampoule du sacre des Rois de France. Dès lors le pouvoir dont l’origine était désormais divine proposait une stabilité institutionnelle.

De surcroît Rome devient la nouvelle capitale spirituelle pour l’occident et ajoute à l’impact sur l’expansion du christianisme. Toutefois les cercles d’influences de Rome bien qu’importants s’atténueront avec la distance. Les Anglais n’hésiteront pas à rompre avec Rome, les pays nordiques et l’Allemagne embrasseront volontiers la réforme.

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