La Cathédrale Sainte Etienne est principalement accessible par son entrée principale qui se trouve du côté de la place d’Armes. Le grand portail gothique qui s’ouvre au visiteur est celui de la chapelle Notre Dame de la Ronde. Les deux vantaux sont séparés par un trumeau qui présente les sept péchés capitaux. Les sculptures sont à hauteur des yeux.
L’idolâtrie est figurée au centre, placée bien en évidence telle une mise en garde.
Faut-il y voir un avertissement à ne pas honorer de faux dieux ou faire preuve de discernement entre la raison et une foi débordante ?
Comment faut-il comprendre ce message, d’après les règles des théologiens et des docteurs de l’église ou selon la parole de Christ ?
Si la question est posée il n’en demeure pas moins que nous devrions peut-être d’abord nous interroger sur les fondements des péchés capitaux et d’aborder ensuite le thème de l’idolâtrie.
Les sept péchés capitaux ne sont pas listés explicitement dans la Bible sous cette forme, mais leurs concepts sont largement tirés de divers passages bibliques qui condamnent ces comportements et attitudes. Par exemple :
- L’orgueil est dénoncé dans des versets comme Proverbes 16:18 (L’arrogance précède la ruine, et l’orgueil précède la chute).
- La colère est critiquée dans des passages comme Éphésiens 4:31 (Que toute amertume, toute colère, toute indignation, toute clameur, toute calomnie soient ôtées du milieu de vous, avec toute sorte de méchanceté).
- L’avarice est mise en garde dans des versets comme 1 Timothée 6:10 ( Car l’amour de l’argent est la racine de tous les maux ).
Les sept péchés capitaux tels que nous les connaissons aujourd’hui n’ont à priori pas valeur d’Évangile et ne sont pas cités dans les paroles de Christ. Leur formalisation a été systématisée par les Pères de l’église et les théologiens au cours des premiers siècles du christianisme :
- Évagre le Pontique, un moine du IVe siècle, a d’abord répertorié huit pensées ou esprits mauvais, qu’il a considérés comme des tentations majeures pour l’homme. Ces huit pensées ont été réduites à sept par la suite.
- Saint Grégoire le Grand, au VIe siècle, a modifié la liste d’Évagre et a été le premier à parler de « sept péchés capitaux ». Il a combiné certains des péchés d’Évagre et en a renommé d’autres pour former la liste canonique : orgueil, envie, colère, paresse, avarice, gourmandise, et luxure.
Saint Thomas d’Aquin, l’un des théologiens les plus influents de l’Église catholique, a développé une théologie détaillée des péchés capitaux dans sa *Somme théologique*. Selon lui, les péchés capitaux sont des inclinations désordonnées de la volonté humaine qui s’opposent aux vertus théologales (foi, espérance et charité) et aux vertus cardinales (prudence, justice, tempérance et force). Par exemple, l’orgueil s’oppose à l’humilité, qui est une composante de la vertu de tempérance.
Or les premiers chrétiens, appelés chrétiens primitifs, vivaient selon des principes moraux qui devaient les différencier dans la société. Ainsi dans les Actes 4 :32-35 il est écrit que tous les croyants étaient unis et mettaient tout en commun, ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils partageaient le produit entre tous, chacun suivant ses besoins.
Leur société s’organisait en référence à des valeurs vertueuses avec une portée positive de l’idée du partage, de la relation à l’autre et de la simplicité au quotidien.
Voilà qu’une nouvelle question se présente à nous. L’esprit du message est-il de doter l’église d’une règle ou d’inviter le chrétien à entamer un cheminement spirituel l’amenant à vivre un nouvel état par la métanoïa de son être ?
Entre le 3ème et le 6ème siècle le christianisme était traversé par de nombreux courants doctrinaires généralement en lien avec des traditions culturelles ancrées dans les territoires ou sous l’influence de pensées. L’émergence d’une église constituée et universelle relevait d’un challenge politique où s’affrontaient parfois avec brutalités les représentants de 14 courants suffisamment marquants pour être cités.
L’église d’occident – Rome et l’Empire
L’église d’orient – Empire Byzantin
L’église nestorienne – Perse
Les églises miaohysites ou monophysites – Égypte, Syrie, Arménie
L’arianisme – Pays germaniques, Goths, Vandales, Lombards
Le donatisme – Afrique du nord
Le pélagisme – Grande Bretagne
Le semi-pelagianisme – Gaule
Le priscillianisme – Espagne
Le manichéisme – Perse et Empire romain
Le marcionisme – Asie-mineure
Le montanisme -Phrygie
L’audéanisme – Mésopotamie et Arménie
Les ébionites – Palestine
Le travail de « normalisation » continua au-delà du 12ème siècle avec la persécution des Vaudois et des Cathares et plus tard avec la sainte inquisition.
A l’issue des principaux débats lors des conciles de Nicée en 325 puis en 787, l’arianisme fut considéré comme hérétique, les théologiens s’accordèrent sur la date de Pâque et la vénération des icônes fut assimilée à de l’idolâtrie.
Progressivement l’Église finalisait sa doctrine autour des textes canoniques il lui fallait également mettre en place une organisation lui permettant de s’établir socialement. Une option politique forte qui devait la rendre incontournable dans la société et lui assurer un pouvoir temporel dûment légitimité par sa mission sur terre. Pour cela il fallait également formaliser une catéchèse rigoureuse et universelle pour assurer la convergence des fidèles autour de la doctrine de l’Église.
De là en découle de façon assez logique d’établir une liste de péchés capitaux qui permettaient de clarifier et de codifier la vie des fidèles.
En rapprochant cette démarche de l’esprit dans lequel évoluaient les premiers chrétiens nous pouvons constater la différence des angles d’approche l’un est placé sous le signe du péché l’autre sous celui des vertus.
Foi -Orgueil
Espérance – Paresse
Charité – Avarice
Prudence – Colère et orgueil
Justice – Envie et avarice
Tempérance – Gourmandise et luxure
Force – Paresse
Ainsi les docteurs et les pères du l’église du 6ème siècle ont élaboré un discours adressé autant à l’ensemble des fidèles (càd le groupe) ainsi qu’à chacun d’entre eux (càd l’individu)
Voilà que les fidèles sont placés sous la règle fixant des normes dans la vie au quotidien avec le double enjeu de se soumettre aux représentants de l’église et aux regards des autres dans la société. La même règle vécue intérieurement en âme et en conscience par les fidèles.
Voyons au niveau collectif et social
- Clarification et organisation théologique.
Au fur et à mesure que le christianisme se développait, il devenait important pour les théologiens d’organiser de manière systématique les enseignements moraux et doctrinaires de l’Église. La formalisation des péchés capitaux a permis de structurer la compréhension chrétienne du péché et de la tentation. En les identifiant comme des « capitaux », les théologiens ont mis en lumière le fait que ces péchés sont à la racine de nombreux autres péchés et vices.
L‘objectif était de fournir une vue claire et concise des principales sources de comportements pécheurs, ce qui a aidé les fidèles à identifier et à combattre ces tentations dans leur vie quotidienne. Cela répondait également à un besoin de cohérence théologique, en liant les enseignements moraux à une compréhension plus profonde de la nature humaine, de la volonté, et des inclinations.
- Catéchèse et formation spirituelle.
La formalisation des sept péchés capitaux a servi d’outil pédagogique pour la catéchèse et la formation spirituelle des chrétiens. En organisant les péchés en une liste concise, il était plus facile d’enseigner et de mémoriser les principaux dangers moraux. Cela aidait également les prédicateurs et les enseignants à communiquer efficacement sur les dangers du péché et l’importance de la vertu.
En énumérant ces péchés comme « capitaux », les théologiens ont souligné l’importance de s’en méfier particulièrement, car ils étaient considérés comme les sources d’une cascade de comportements pécheurs. L’éducation morale de l’époque dépendait fortement de ces listes pour guider les croyants vers une vie vertueuse.
- Direction spirituelle et pratique de la pénitence.
Les moines et les ascètes chrétiens, dès les premiers siècles, cherchaient à vivre une vie de perfection spirituelle et morale. Évagre le Pontique, un moine du IVe siècle, a été l’un des premiers à formaliser une liste de huit pensées mauvaises ou péchés qui étaient des tentations communes pour les moines. Sa liste a été conçue comme un outil pratique pour aider à la direction spirituelle et à la pratique de la pénitence, en identifiant les principales tentations qui devaient être combattues.
Ce travail a été raffiné et simplifié par Saint Grégoire le Grand au VIe siècle, qui a réduit la liste à sept et l’a alignée sur une théologie chrétienne plus large. Cela a été particulièrement utile dans la direction spirituelle, en aidant les prêtres et les conseillers spirituels à guider les fidèles dans le sacrement de la confession, en mettant en lumière les péchés qui devaient être confessés et combattus.
- Combat spirituel contre les vices.
Les théologiens et les pères du désert, comme Évagre et Jean Cassien, voyaient les péchés capitaux comme des forces spirituelles à combattre. La vie chrétienne était souvent décrite en termes de combat spirituel contre les vices et les démons qui tentaient les croyants. En formaliser une liste permettait de se concentrer sur des ennemis spécifiques à surmonter dans la vie spirituelle.
Cette approche offrait un cadre pour la lutte contre les vices et la croissance dans la vertu. Par exemple, chaque péché capital a une vertu opposée qui doit être cultivée pour surmonter la tentation. L’orgueil est combattu par l’humilité, la paresse par le zèle, la colère par la patience, et ainsi de suite.
- Renforcement de la discipline ecclésiastique.
Enfin, la formalisation des péchés capitaux a aussi renforcé la discipline ecclésiastique. En ayant une liste formelle, les dirigeants de l’Église pouvaient mieux encadrer le comportement des chrétiens, promouvoir la confession des péchés, et encourager une vie de pénitence et de conversion. Cela a également facilité l’administration du sacrement de la réconciliation, en fournissant un cadre pour l’examen de conscience.
- Dimension pastorale et spirituelle.
D’un point de vue pastoral, l’Église enseigne que les péchés capitaux sont à éviter car ils mènent à une vie éloignée de Dieu. Ils sont vus comme des obstacles majeurs à la sainteté et à la communion avec Dieu. Dans la pratique chrétienne, éviter ces péchés et cultiver les vertus opposées est essentiel pour grandir dans la foi et la vie spirituelle.
- Doctrine de la grâce et du salut.
Les sept péchés capitaux sont également liés à la doctrine de la grâce et du salut dans la théologie chrétienne. L’Église enseigne que, bien que tous les êtres humains soient tentés par ces péchés en raison de la condition de péché originel, la grâce de Dieu, reçue par les sacrements et par une vie de prière et de pénitence, permet aux fidèles de surmonter ces inclinations désordonnées. La rédemption offerte par le Christ et la sanctification par le Saint-Esprit jouent un rôle central dans la lutte contre les péchés capitaux.
Voyons ensuite au niveau individuel
- Théologie morale.
Les sept péchés capitaux sont appelés « capitaux » parce qu’ils sont considérés comme les sources ou « chefs » de nombreux autres péchés. Chaque péché capital engendre d’autres péchés et vices. Par exemple, l’orgueil peut mener à l’arrogance, à la vanité et à l’égoïsme.
- Enseignement moral et spirituel.
L’Église utilise le concept des sept péchés capitaux pour enseigner la morale chrétienne. En mettant en garde contre ces péchés, l’Église cherche à encourager les fidèles à mener une vie vertueuse, en pratiquant les vertus opposées, comme l’humilité contre l’orgueil, la générosité contre l’avarice, la patience contre la colère
- Pratique de la confession.
Dans le catholicisme, la confession est un sacrement dans lequel les fidèles confessent leurs péchés à un prêtre pour obtenir l’absolution. La reconnaissance des péchés capitaux aide les fidèles à identifier les péchés graves qu’ils doivent confesser et à chercher la pénitence et la réconciliation avec Dieu.
- Concept de péché dans la théologie chrétienne.
Dans la théologie chrétienne, le péché est une offense contre Dieu. Il est considéré comme un acte ou une omission contraire à la loi divine et à l’ordre moral. Le concept des péchés capitaux s’inscrit dans cette perspective : ces péchés sont appelés « capitaux » (du latin *caput*, signifiant « tête » ou « source ») car ils sont vus comme des racines principales d’où découlent de nombreux autres péchés. Ils sont donc des sources majeures de corruption morale et spirituelle.
Qu’en est-il enfin de l’idolâtrie ?
L’idolâtrie, dans son sens le plus traditionnel, est la vénération ou l’adoration de faux dieux ou d’images taillées représentant des divinités. Pour les premiers chrétiens et dans la tradition biblique, l’idolâtrie était principalement associée à la vénération des dieux païens ou à l’adoration d’images sculptées, pratiques que l’on retrouve abondamment dans le monde gréco-romain et chez divers peuples autour d’Israël.
Notons qu’en gaule c’est-à-dire dans ce qui deviendra progressivement la France, le monde païen a d’autres repères que ceux du bassin méditerranéen. Une autre culture qui est orale et fortement ancrée dans la transmission.
Peu de chercheurs font référence à sortir de la voie royale que proposent les Grecs et les Romains grâce aux écrits qu’ils ont laissés derrière eux. Effectivement les celtes dans leur mosaïque de cultures ont connu une civilisation tout autant flamboyante et riche d’enseignement mais les écrits sont rares. Pourtant les traces qu’ils sont laissées sont présentes partout aujourd’hui.
Les païens étaient des gens profondément croyants respectueux des dieux et des déesses, leurs enseignements participaient à conceptualiser le principe de la moralité dans la société. Chaque dieu connaissant une expérience de vie devient alors une référence pour son adepte.
La France est restée profondément païenne jusqu’au 9 ème siècle et ses croyances se sont progressivement entremêlé tel un écheveau de laine avec le christianisme.
Avant la colonisation brutale des romains, la fameuse « pax romana » il n’y avait nul besoin de temple de pierre comme lieu de culte. La nature était au centre de la pratique religieuse, les sources, les arbres et certains lieux permettaient le rassemblement des fidèles. Ainsi le colonisateur romain dressa ses temples sur ces lieux sacrés et les chrétiens renversèrent ces temples pour y placer leurs autels. A Strasbourg Mars et Jupiter ont succédé à Esus eux-mêmes suivis par Mithra et enfin Christ.
Bien des évêques lors de la christianisation demandèrent à leurs missionnaires de se rapprocher des lieux de culte, d’y prier aux côtés des païens et de progressivement les écarter de leur croyance. Il en allait de même pour le panthéon des dieux celtes qui par mutation s’invitèrent dans la liste des saints tels que le décrit Jacques de Voragine. La déesse Birgit devient sainte Brigitte.
Et pour surprenant que cela puisse paraître le lapin de Pâques est un des élémentaux de la déesse Ostara dont le phonème est proche à s’y méprendre de « Ostern » Pâques en allemand.
Le calendrier religieux avec Samonios (Samain) et le solstice d’hiver accueille la Toussaint et la fête de la Nativité avec le « sol Invictus). Ce même calendrier marqué par le cycle solaire va donner la cadence du calendrier chrétien. Ainsi la date de Pâques (dans l’esprit du concile) ne pouvant être celui de la Pâques juive devient une date soli-lunaire. La date de Pâques fut déterminée au 1er dimanche qui suit la pleine lune qui suit l’équinoxe du printemps.
Cependant, la compréhension chrétienne de l’idolâtrie a évolué et s’est élargie au fil du temps pour inclure toute forme de culte ou de vénération excessive qui détourne l’homme de Dieu. Dans ce contexte, certains critiques, notamment des traditions protestantes, ont accusé le catholicisme d’être coupable d’idolâtrie à plusieurs égards. Voici en quoi ces critiques se manifestent :
- Vénération des Saints et de la Vierge Marie.
Dans le catholicisme, il est courant de vénérer les saints et, en particulier, la Vierge Marie. Cette vénération comprend des pratiques comme la prière d’intercession, l’utilisation d’icônes ou de statues, et la célébration de fêtes liturgiques en leur honneur.
Critique d’idolâtrie. Certains protestants et d’autres chrétiens estiment que cette vénération des saints et de Marie peut devenir de l’idolâtrie si elle est perçue comme une adoration. L’accusation ici est que les catholiques pourraient accorder à des créatures humaines une forme d’honneur qui ne devrait être rendue qu’à Dieu. Ils craignent que ces pratiques détournent l’attention et la dévotion qui devraient exclusivement être adressées à Dieu.
Réponse possible. Les catholiques font une distinction claire entre « latrie » (adoration, qui est due à Dieu seul) et « dulie » (vénération, qui est accordée aux saints). La Vierge Marie reçoit une vénération particulière appelée « hyperdulie », mais même celle-ci est distincte de l’adoration. Pour l’Église catholique, les saints ne sont pas adorés mais honorés, et les prières adressées à eux sont des demandes d’intercession auprès de Dieu.
- Usage des images, statues et icônes.
Les églises catholiques, ainsi que les orthodoxes, sont souvent décorées avec des images, des icônes, et des statues de Jésus, de Marie, et des saints. Ces images sont utilisées dans le contexte de la prière et de la méditation.
Critique d’idolâtrie. Selon certains, l’utilisation de ces objets matériels pour des fins religieuses pourrait constituer une forme d’idolâtrie, dans la mesure où les croyants pourraient en venir à leur attribuer un pouvoir surnaturel ou à les adorer directement, violant ainsi le commandement biblique contre la création d’images gravées à des fins de culte (Exode 20:4-5).
Réponse possible. L’Église catholique enseigne que les images et statues ne sont pas des idoles, mais des représentations qui aident les fidèles à diriger leurs pensées vers Dieu et les réalités spirituelles. Elles servent de supports visuels à la prière et à la dévotion, rappelant aux croyants les saints et les événements bibliques. L’utilisation de ces images est censée inspirer la piété et rappeler aux fidèles les vertus des saints et la gloire de Dieu.
- Vénération des reliques.
Dans le catholicisme, la vénération des reliques des saints (comme des fragments de leurs os, des vêtements, ou d’autres objets associés à eux) est une pratique historique importante.
Critique d’idolâtrie. Certains estiment que cette pratique pourrait constituer une forme d’idolâtrie, surtout si l’on croit que ces objets ont des pouvoirs miraculeux intrinsèques ou que leur vénération devient une forme de culte.
Réponse possible. L’Église catholique enseigne que la vénération des reliques ne doit pas être confondue avec l’adoration, qui est réservée à Dieu seul. Les reliques sont vénérées parce qu’elles sont des objets physiques liés aux saints qui, en tant que membres glorifiés de l’Église, continuent d’être en communion avec les fidèles. Elles rappellent l’appel à la sainteté et la foi vécue par les saints. Les miracles associés aux reliques sont considérés comme des signes de l’action de Dieu par l’intercession des saints, et non comme des propriétés magiques des objets eux-mêmes.
- Eucharistie et adoration du saint sacrement.
Dans la théologie catholique, l’Eucharistie est considérée comme la présence réelle de Jésus-Christ sous les espèces du pain et du vin. Cela conduit à des pratiques comme l’adoration du Saint Sacrement, où les fidèles prient devant l’hostie consacrée exposée.
Critique d’idolâtrie. Certains considèrent que l’adoration d’une hostie consacrée pourrait ressembler à l’adoration d’un objet matériel, et donc être perçue comme une forme d’idolâtrie.
Réponse possible. L’Église catholique enseigne que l’adoration de l’Eucharistie est en fait l’adoration de Jésus-Christ lui-même, présent de manière sacramentelle sous les apparences du pain et du vin. L’hostie consacrée n’est pas un simple objet, mais la présence réelle du Christ, rendue sacramentellement présente. C’est pourquoi cette adoration est dirigée vers Dieu et non vers un objet matériel.
Que faire, que penser de tout cela ?
Faire appel au discernement c’est-à-dire l’équilibre entre raison et l’adhésion aux principes.
En pratique, un homme doit utiliser sa raison pour évaluer ses principes, comprendre leur fondement, et discerner leur application dans la vie quotidienne. Cependant, cette raison doit être exercée en harmonie avec une conscience formée et éclairée par la foi. Par exemple, une personne pourrait utiliser sa raison pour comprendre pourquoi la fidélité est un principe important dans une relation, mais la foi et les enseignements religieux pourraient lui offrir une compréhension plus profonde de l’engagement sacré du mariage.
Il est donc nécessaire d’avoir un équilibre où la raison évalue, affine et applique les principes moraux, tandis que la foi offre une perspective plus profonde et parfois une correction lorsque la raison humaine risque de se tromper ou de se limiter à des perspectives purement humaines.
Bien que la raison soit un outil puissant pour discerner la vérité et formuler des principes moraux, elle a ses limites. Il y a des vérités de foi et des mystères divins qui transcendent la capacité de la raison humaine à les comprendre pleinement. Dans ces cas, la foi vient compléter la raison, offrant des réponses et des orientations que la raison seule ne peut fournir. Cet avis n’est pas partagé par tous car certains considèrent la raison comme essentielle.
Pour les croyants de toutes confessions, la part de raison doit toujours être ouverte à l’influence de la foi. Cela signifie que la raison ne doit pas devenir une idole, fermée à la possibilité de vérité révélée. Par exemple, des principes comme l’amour inconditionnel ou le pardon sont des commandements chrétiens qui peuvent dépasser la compréhension rationnelle humaine, mais qui sont acceptés par la foiL Là aussi il convient de discerner dans la foi ce qui relève de la lettre et de l’Esprit. Une approche spirituelle sera certainement plus appropriée qu’une vision littérale ou radicale.
Et dans la parole de christ, une démarche qui sort de l’expectative et place le fidèle dans un cheminement spirituel.
Jésus a souvent souligné l’importance du cœur et de l’intention derrière les actions. Les sept péchés capitaux, qui incluent l’orgueil, l’envie, la colère, la paresse, l’avarice, la gourmandise, et la luxure, sont des dispositions internes qui peuvent conduire à des actes pécheurs. Dans les Évangiles, Jésus enseigne que les péchés ne sont pas simplement des actions extérieures, mais qu’ils proviennent des pensées et des désirs du cœur.
Dans Marc 7:21-23, Jésus dit :
« Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, la débauche, le vol, le meurtre, l’adultère, la cupidité, la méchanceté, la fraude, la débauche, l’envie, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l’homme impur. »
Ici, Jésus souligne que les mauvaises actions sont enracinées dans des attitudes intérieures comme l’envie, la cupidité, et l’orgueil, ce qui correspond aux concepts des péchés capitaux.
Les Évangiles mettent l’accent sur la conversion (métanoïa), c’est-à-dire un changement radical de cœur et d’esprit. Jésus appelle à se détourner des voies pécheresses et à adopter une vie de vertu et de sainteté. Les sept péchés capitaux peuvent être vus comme des obstacles majeurs à cette conversion car ils représentent des habitudes et des dispositions contraires aux vertus chrétiennes.
La conscience de la *métanoïa* nécessaire peut également dépendre de l’expérience personnelle de la foi d’un chrétien. Ceux qui ont vécu une rencontre personnelle avec le Christ ou qui ont traversé une période de profonde introspection spirituelle peuvent être plus sensibles à l’appel à la transformation intérieure que représentent les enseignements sur les péchés capitaux. Cette « métanoïa » se différencie d’une attitude d’expectative dans l’attente de la Grâce. C’est un long cheminement personnel durant lequel le croyant vit et met sa foi à l’épreuve, un apprentissage qui le conduit à se connaître tel qu’il est.
L’expérience personnelle du pardon (les psychologues parlent de résilience et se cantonnent à ces états d’âme) et de la Grâce de Dieu peut également aider à reconnaître l’importance de se détourner non seulement des actes pécheurs, mais aussi des attitudes et des dispositions intérieures qui mènent à ces actes.
L’homme a le choix d’être dans l’expectative du salut ou de s’engager dans une démarche spirituelle.
Vogesus 01/08/2024