En cet équinoxe du 21 septembre nous entrons dans l’automne, le jour et la nuit ont la même durée. Ce moment si anodin en apparence est célébré depuis la nuit des temps car les hommes avaient coutume de marquer les temps forts de l’année en observant la course du soleil dans le ciel.
Les populations du néolithique qui vivaient dans le centre est de l’Allemagne 6800 ans notre ère avait déjà élaboré des méthodes permettant de suivre précisément le passage d’une saison à l’autre. Ces hommes, ces femmes avaient construit un observatoire astronomique appelé le cercle de Goseck 3800 ans avant les Sumériens.
Les mêmes populations de Saxe Anhalt en Allemagne en 1600 avant notre ère disposèrent d’un calendrier encore plus précis avec le disque de Nebra. Le rapport entre les lunaisons et le temps de l’année solaire était partiellement résolu comme se fut le cas pour le calendrier de Coligny créé par les gaulois.
Avant de creuser ce point il convient d’apporter quelques rappels sur la mécanique céleste.
La Terre, dans sa rotation annuelle autour du Soleil, est inclinée d’un angle de 23,44 degrés par rapport à son plan orbital. Cette inclinaison, connue sous le nom d’obliquité de l’écliptique, est à l’origine des saisons sur notre planète.
Au cours de l’année, la position apparente du Soleil dans le ciel varie en fonction de la position de la Terre sur son orbite. Cela se traduit par des changements dans la hauteur du Soleil à midi et dans les directions de ses levers et couchers.
Lors du solstice d’hiver, qui a lieu autour du 21 décembre, le Soleil atteint sa position la plus basse dans le ciel pour l’hémisphère Nord. À cette époque, son azimut (angle par rapport au nord géographique) au lever est plus proche du sud-est, et son azimut au coucher est plus proche du sud-ouest.
En effet, la déclinaison solaire, qui représente l’angle entre la direction du Soleil et le plan de l’équateur céleste, est alors à sa valeur la plus faible, aux environs de -23,44 degrés. Cela se traduit par une trajectoire diurne du Soleil plus basse sur l’horizon.
À l’opposé, lors du solstice d’été, autour du 21 juin, le Soleil atteint sa position la plus haute dans le ciel pour l’hémisphère Nord. Son azimut au lever est plus proche du nord-est, et son azimut au coucher est plus proche du nord-ouest. La déclinaison solaire est alors à sa valeur maximale, aux environs de +23,44 degrés. Cela se traduit par une trajectoire diurne du Soleil plus élevée sur l’horizon.
Ces variations de la position apparente du Soleil dans le ciel au fil des saisons sont dues à l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport à son plan orbital autour du Soleil. Lors du solstice d’hiver, l’hémisphère Nord est incliné à l’opposé du Soleil, ce qui résulte en une durée d’ensoleillement plus courte et des températures plus froides.
À l’inverse, lors du solstice d’été, l’hémisphère Nord est incliné vers le Soleil, ce qui entraîne une durée d’ensoleillement plus longue et des températures plus chaudes. Ces variations saisonnières de la position du Soleil dans le ciel et de la durée d’ensoleillement ont un impact significatif sur les conditions climatiques, l’agriculture, les activités humaines et la vie en général sur Terre.
La connaissance de ces phénomènes astronomiques fondamentaux est essentielle pour comprendre et prédire les variations saisonnières des conditions météorologiques, ainsi que pour planifier et optimiser de nombreuses activités humaines en fonction des saisons.
Le disque de Nebra
Le disque de Nebra, daté d’environ 1600 avant J.-C., est un artefact archéologique d’une valeur inestimable pour comprendre les connaissances astronomiques développées durant l’Âge du Bronze en Europe centrale. Cet objet en bronze, décoré d’incrustations d’or, présente une représentation céleste d’une précision remarquable.
D’un point de vue astronomique, les motifs du disque correspondent à des éléments spécifiques du ciel nocturne à cette époque. On y distingue clairement la Lune sous différentes phases, du croissant à la pleine Lune, indiquant une compréhension approfondie des cycles lunaires. La présence des Pléiades, un amas d’étoiles facilement identifiable dans le ciel, suggère également une connaissance fine de la voûte céleste.
L’orientation du disque, avec le « bateau solaire » en position supérieure, révèle que cet objet était probablement utilisé pour suivre la course annuelle apparente du Soleil. En effet, l’azimut du Soleil au lever et au coucher varie tout au long de l’année, décrivant un arc complet sur l’horizon. La position du « bateau solaire » correspond ainsi à des coordonnées azimutales spécifiques, permettant de situer la position du Soleil à différentes périodes de l’année.
De plus, l’agencement de la Lune et des Pléiades sur le disque indique une volonté de synchroniser les cycles lunaires et saisonniers. En effet, l’observation de ces deux astres permet d’établir un calendrier luni-solaire, essentiel pour l’organisation des activités agricoles et rituelles dans les sociétés de l’Âge du Bronze.
L’analyse détaillée de la représentation céleste sur le disque de Nebra révèle donc une connaissance astronomique très développée chez les populations d’Europe centrale il y a plus de 3 600 ans. Cet artefact unique témoigne de l’importance des phénomènes célestes dans les pratiques calendaires et cosmologiques de ces cultures proto-historiques.
Le calendrier de Coligny
Le calendrier de Coligny est un calendrier lunaire-solaire gaulois datant du 1er siècle avant J.-C. retrouvé en 1897 près de la ville de Coligny dans l’Ain. Ce calendrier, gravé sur une plaque de bronze, présente une structure complexe servant à harmoniser les cycles lunaires et solaires. D’un point de vue astronomique, le calendrier de Coligny se base sur l’observation précise des mouvements du Soleil et de la Lune.
Les coordonnées solaires sont indiquées en degrés d’azimut, permettant de suivre la position du Soleil tout au long de l’année. Lors des solstices d’été et d’hiver, le Soleil atteint des azimuts extrêmes de 116° à l’est et 244° à l’ouest. Ces positions culminantes sont cruciales pour la définition des saisons dans le calendrier. La structure du calendrier alterne entre mois de 29 et 30 jours, avec l’ajout régulier d’un 13ème mois intercalaire pour maintenir la synchronisation avec les cycles lunaires.
Cette intercalation suit une périodicité complexe, probablement basée sur un système octaétérique de 8 années, permettant de rester en phase avec les saisons solaires. Les divisions du calendrier en jours, mois et années correspondent à des unités de temps astronomiques précises, corrélées aux mouvements célestes observés.
Chaque mois débute avec la nouvelle lune, tandis que les années sont définies par les solstices. Cette coordination fine entre les cycles solaires et lunaires témoigne d’une connaissance approfondie de l’astronomie chez les Gaulois de l’époque. L’analyse détaillée du calendrier de Coligny permet donc de mieux comprendre les pratiques calendaires sophistiquées développées par les sociétés préceltiques d’Europe occidentale, en lien étroit avec leurs observations du ciel.
Qu’en est-il de leur précision ?
Pour le disque de Nebra : Son degré de précision est relativement élevé pour l’époque, avec une erreur estimée à environ 1 à 2 jours par an par rapport à l’année solaire de 365 jours.
Pour le calendrier de Coligny : Son degré de précision est très élevé, avec une erreur estimée à seulement 1 jour tous les 2-3 ans par rapport à l’année solaire de 365 jours.
Donc le calendrier de Coligny est nettement plus précis que le disque de Nebra, avec une erreur annuelle beaucoup plus faible par rapport à l’année solaire de 365 jours.
Transmission de savoirs dans la société Celte.
Il est vrai qu’à l’époque de ces artéfacts, la science et la religion étaient profondément liées, en particulier dans les sociétés celtiques. Dans ce contexte, il est tout à fait envisageable qu’il puisse exister un lien entre le disque de Nebra et les connaissances astronomiques détenues par les druides, prêtres et savants des civilisations celtiques.
Quelques éléments qui vont dans ce sens :
1 Rôle des druides dans l’astronomie et le calendrier.
– Les druides étaient reconnus pour leurs connaissances approfondies de l’astronomie, indispensables pour établir les calendriers rituels et religieux.
– Ils auraient pu avoir connaissance de techniques d’observation astronomique élaborées, telles que celles suggérées par le disque de Nebra.
2. Transmission orale des savoirs.
– Les druides transmettaient leurs connaissances de manière orale, sans laisser de traces écrites.
– Cela a pu compliquer la transmission directe de ces savoirs aux archéologues modernes. 3. Dimension sacrée de l’astronomie
– Dans les sociétés celtiques, l’astronomie était intimement liée aux croyances et aux rituels religieux.
– Le disque de Nebra pourrait avoir eu une dimension sacrée, tout comme le calendrier de Coligny.
Donc, bien que les preuves directes manquent, il est tout à fait plausible qu’il existe des liens entre les connaissances astronomiques représentées par le disque de Nebra et celles détenues par les druides celtiques. Cela pourrait expliquer certaines similarités fonctionnelles entre ces deux artéfacts.
Petite pointe d’humour à propos du calendrier Julien.
Le calendrier julien, introduit par Jules César en 46 av. J.-C., avait une durée moyenne de 365,25 jours par an. Cette différence de 0,25 jour par rapport à l’année solaire de 365 jours entraînait une erreur progressive de un jour tous les 4 ans. Ainsi, le calendrier julien avait un écart d’environ 3 jours tous les 12 ans par rapport à l’année solaire de 365 jours.
Cette erreur a été progressivement corrigée par l’introduction du calendrier grégorien en 1582, qui a ramené l’écart à seulement 1 jour tous les 128 ans.
Donc, comparé au calendrier de Coligny qui avait une précision d’environ 1 jour tous les 2-3 ans, le calendrier julien utilisé par les Romains à l’époque avait un écart beaucoup plus important d’environ 3 jours tous les 12 ans.
Vogesus 21/09/2024