La tripartition corps, âme, esprit

I – LA TRIPARTITION DANS LA TRADITION CHRETIENNE MEDIEVALE

Au Moyen Âge, la conception de l’âme est principalement influencée par la pensée chrétienne, avec des contributions importantes de la philosophie grecque (notamment Platon et Aristote) et de la tradition néoplatonicienne. La tripartition corps-âme-esprit est une structure essentielle pour comprendre la manière dont les penseurs médiévaux percevaient la nature humaine et les relations entre le physique et le spirituel. Voici les grandes lignes de cette conception :

1. Origines de la tripartition : influences grecques et chrétiennes

         •        La tripartition vient d’une fusion entre la philosophie grecque et les concepts chrétiens. Dans la pensée grecque, Platon et Aristote influencent cette structure :

         •        Platon (V-IVe siècles av. J.-C.) voit l’âme comme un principe divin distinct du corps, immortel et divisé en trois parties : l’intellect (ou raison), la volonté (ou esprit), et l’appétit (ou désir).

         •        Aristote propose une vision unifiée de l’âme comme principe vital et en distingue les trois fonctions : la vegetativa (nutrition et croissance), la sensitiva (perception et sensation) et la rationalis (raison et intellect).

         •        Les penseurs chrétiens, comme Saint Augustin (IVe-Ve siècles) et plus tard Saint Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), adoptent cette tripartition tout en l’intégrant dans une perspective chrétienne.

2. Le corps, l’âme et l’esprit : une tripartition médiévale

         •        Dans le christianisme médiéval, le corps, l’âme et l’esprit représentent des dimensions différentes de l’être humain, créées par Dieu et liées à sa nature divine :

         •        Le corps : c’est la partie matérielle, mortelle, associée aux besoins et aux désirs physiques. Le corps est vu comme le « temple de l’âme », et bien qu’il soit sujet à la corruption, il est appelé à ressusciter lors de la résurrection.

         •        L’âme (anima) : l’âme est le principe vital qui donne la vie au corps. Elle est immortelle et contient des facultés qui permettent la perception, l’émotion, et les désirs. L’âme est considérée comme le siège des passions humaines mais aussi de la volonté.

         •        L’esprit (spiritus) : dans la théologie médiévale, l’esprit représente la dimension la plus élevée et la plus divine de l’âme. Il est lié à la raison et à la contemplation de Dieu. L’esprit permet d’atteindre la sagesse divine et de s’unir à Dieu dans une quête de perfection spirituelle.

3. La tripartition dans la pensée de Saint Augustin et des Pères de l’Église

         •        Saint Augustin considère que l’âme humaine est créée par Dieu et possède trois dimensions principales : la mémoire, l’intelligence, et la volonté, qu’il associe à une image de la Trinité.

         •        Dans la théologie augustinienne, l’âme est également divisée entre l’esprit (intellect) et les passions. L’esprit est la partie de l’âme qui cherche Dieu, tandis que les autres parties sont souvent en lutte avec les désirs du corps.

4. Saint Thomas d’Aquin et la synthèse aristotélico-chrétienne

         •        Saint Thomas d’Aquin reprend la tripartition aristotélicienne et y ajoute une perspective chrétienne, voyant l’âme comme unie au corps en une seule substance. Il rejette la notion d’une âme divisée mais reconnaît différentes fonctions au sein d’une seule âme :

         •        La raison ou l’intellect (partie supérieure), qui permet de connaître Dieu et la vérité.

         •        La volonté ou esprit, qui aspire au bien et s’efforce de se rapprocher de Dieu.

         •        Les appétits sensibles, qui incluent les désirs et les émotions, mais doivent être gouvernés par la raison pour mener une vie vertueuse.

5. La tripartition et la vie spirituelle

         •        La tripartition corps-âme-esprit est fondamentale pour la spiritualité médiévale. Elle permet aux croyants de comprendre leur propre lutte intérieure entre le désir spirituel d’atteindre Dieu et les tentations physiques.

         •        De nombreux auteurs, comme Bernard de Clairvaux et Hildegarde de Bingen, insistent sur l’importance de l’ascèse, c’est-à-dire de la discipline du corps et des appétits inférieurs pour élever l’âme vers Dieu et éveiller l’esprit.

6. L’ésotérisme chrétien et la tripartition

         •        Dans l’ésotérisme chrétien médiéval, notamment chez les mystiques, l’âme et l’esprit sont perçus comme des ponts vers une connaissance directe de Dieu.

         •        Les mystiques médiévaux parlent souvent de l’élévation de l’âme, un processus de purification du corps et de l’âme pour atteindre une union spirituelle avec Dieu. Le corps est maîtrisé par la vertu, l’âme est purifiée par la prière et la contemplation, et l’esprit est finalement illuminé par la grâce divine.

II – LA TRIPARTITION CHEZ LES PREMIERS CHRÉTIENS

Chez les premiers chrétiens, la tripartition corps-âme-esprit (en grec : sômapsukhêpneuma) se trouve dans les Écritures, notamment dans le Nouveau Testament, et elle est interprétée en termes théologiques pour exprimer la complexité de l’être humain créé à l’image de Dieu. Cette tripartition, qui était aussi présente dans la pensée grecque, est adaptée et enrichie par les premiers penseurs chrétiens pour expliquer la nature humaine, sa relation à Dieu, et le chemin de la sanctification.

1. Sources scripturaires de la tripartition

         •        La tripartition corps-âme-esprit est évoquée dans le Nouveau Testament, notamment dans la première épître aux Thessaloniciens :

         •        « Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entier ; et que votre esprit, votre âme et votre corps soient conservés irréprochables lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Thessaloniciens 5:23).

         •        Ce passage est fondamental pour la vision chrétienne de la tripartition, car il montre que les trois dimensions sont appelées à être sanctifiées, soulignant leur importance dans la vie spirituelle et la relation à Dieu.

2. Le corps (sôma)

         •        Dans la pensée chrétienne, le corps est la partie matérielle et visible de l’être humain, créée par Dieu et destinée à servir de temple pour l’âme et l’esprit.

         •        Les premiers chrétiens insistent sur le respect du corps, en le considérant non seulement comme une création divine, mais aussi comme un instrument pour accomplir la volonté de Dieu. Le corps est également destiné à ressusciter, une idée centrale du christianisme qui contraste avec la pensée grecque, où le corps est souvent vu comme un obstacle à l’âme.

         •        Le corps est donc à la fois le siège des désirs et des tentations, mais aussi un outil à sanctifier pour vivre en conformité avec les valeurs chrétiennes.

3. L’âme (psukhê)

         •        L’âme est perçue comme la source de la vie psychologique et émotionnelle. Elle est le siège de la volonté, des émotions et de la conscience personnelle.

         •        Dans la pensée chrétienne primitive, l’âme est également immortelle et représente l’individualité humaine. Elle est jugée pour ses actions et intentions au moment de la mort.

         •        Cependant, elle est vue comme incomplète sans l’influence de l’esprit. L’âme doit être dirigée et purifiée pour s’unir à Dieu, et les premiers chrétiens considèrent la vie chrétienne comme une discipline où l’âme est transformée par la foi et la grâce divine.

4. L’esprit (pneuma)

         •        L’esprit est souvent compris comme la dimension la plus élevée de l’être humain, celle qui permet une relation directe avec Dieu. Contrairement au corps et à l’âme, qui participent davantage à la vie terrestre, l’esprit est la part de l’homme qui reçoit l’inspiration divine.

         •        Chez les premiers chrétiens, l’esprit est lié à l’action du Saint-Esprit : il est le moyen par lequel l’homme est en contact avec Dieu, reçoit la grâce, et comprend les vérités spirituelles.

         •        L’esprit est donc associé à la conscience spirituelle et à la capacité de discernement. C’est par l’esprit que le chrétien peut être en communion avec Dieu, vivre selon la volonté divine, et aspirer à la sainteté.

5. La tripartition dans la théologie des Pères de l’Église

         •        Des Pères de l’Église comme Origène, Clément d’Alexandrie, et Irénée de Lyon explorent cette tripartition dans leurs écrits pour expliquer comment l’homme peut progresser dans la vie chrétienne.

         •        Pour Origène, par exemple, l’âme est intermédiaire entre le corps et l’esprit. Elle peut soit se tourner vers les choses matérielles (satisfaire les désirs du corps), soit s’élever vers Dieu en suivant l’esprit.

         •        Les premiers Pères voient donc dans la tripartition un cheminement spirituel : le chrétien doit discipliner le corps, purifier l’âme, et s’unir à Dieu dans l’esprit.

6. La tripartition comme chemin de sanctification

         •        La tripartition corps-âme-esprit est souvent interprétée comme une hiérarchie spirituelle. L’esprit doit guider l’âme et, à travers elle, sanctifier le corps.

         •        La discipline chrétienne consiste ainsi à harmoniser les trois parties de l’être humain en vue de la perfection spirituelle. L’âme, en particulier, est perçue comme un champ de bataille, où la volonté humaine doit choisir entre les impulsions du corps et l’aspiration de l’esprit vers Dieu.

         •        L’objectif ultime est que le corps, l’âme, et l’esprit soient unifiés dans l’amour divin, un état souvent décrit comme une « vie en Christ ».

7. Le contraste avec le dualisme corps-âme

         •        Cette tripartition distingue les premiers chrétiens des visions dualistes radicales, comme celles du gnosticisme, qui opposent violemment le corps et l’âme.

         •        Dans le christianisme, le corps est certes moins élevé que l’âme et l’esprit, mais il est une part essentielle de l’être humain et appelé à la résurrection, signifiant que toute la personne – corps compris – est intégrée dans le plan de salut de Dieu.

III – DANS LA TRADITION RELIGIEUSE HEBRAIQUE

Dans la tradition religieuse hébraïque, la tripartition corps-âme-esprit apparaît sous des formes et des termes spécifiques à la culture et à la théologie juives, avec des différences par rapport à la vision chrétienne, bien qu’il existe des correspondances intéressantes. Le judaïsme ancien, influencé par les Écritures hébraïques (la Torah, les Prophètes, et les Écrits), voit l’être humain comme un tout intégré, mais reconnaît aussi des aspects distincts en lui, généralement exprimés par trois concepts fondamentaux : néfech (נפש), roua’h (רוח), et néchama (נשמה).

Voici comment ces notions s’articulent dans la tradition hébraïque :

1. Néfech (נפש) – le souffle vital ou âme animale

         •        Le terme néfech est souvent traduit par « âme » dans la Bible hébraïque, mais il a une signification plus large, désignant souvent le principe vital ou l’âme animale. Dans la Genèse, on trouve « néfech haya » (נפש חיה), « âme vivante », pour décrire le souffle de vie donné par Dieu à Adam (Genèse 2:7).

         •        Néfech est étroitement lié aux fonctions physiques et instinctives de l’être humain : c’est ce qui anime le corps, le reliant aux besoins de survie comme la nourriture, la soif, et les instincts de base.

         •        En hébreu biblique, néfech désigne aussi parfois la personne dans son intégralité, associant donc corps et vie humaine. C’est le principe de vie qui, s’il est ôté, entraîne la mort physique.

2. Roua’h (רוח) – l’esprit ou le souffle spirituel

         •        Roua’h signifie littéralement « souffle » ou « vent » et peut être compris comme l’esprit. Il est considéré comme la force spirituelle qui anime l’âme de l’homme, liée non seulement à la vie physique, mais aussi à sa vie émotionnelle et psychique.

         •        Dans la Bible hébraïque, roua’h désigne souvent l’esprit de Dieu (comme dans roua’h Elohim) qui inspire et guide les prophètes. Chez les êtres humains, roua’h représente cette capacité spirituelle qui permet d’atteindre une dimension de conscience et d’élévation spirituelle.

         •        Roua’h est le siège des émotions plus subtiles et des motivations morales ; il est la part de l’homme qui peut s’ouvrir à Dieu, recevoir son inspiration, et comprendre les vérités spirituelles.

3. Néchama (נשמה) – l’âme divine ou l’âme supérieure

         •        Néchama est souvent vue comme l’âme divine, la partie la plus élevée de l’être humain qui le relie directement à Dieu. La néchama est mentionnée en Genèse 2:7 : « Dieu insuffla dans ses narines une néchama de vie ».

         •        La néchama représente l’aspect divin de l’âme humaine, celle qui aspire à la connaissance, à la sagesse et à la spiritualité. Elle est d’origine divine, une part de l’essence de Dieu qui réside dans chaque personne.

         •        Contrairement au néfech qui anime le corps ou au roua’h qui gouverne l’esprit et les émotions, la néchama est considérée comme pure, intouchable par le péché, et elle est ce qui pousse l’homme à chercher Dieu et à atteindre des niveaux de spiritualité élevés.

4. Le corps (gouf, גוף) – le véhicule physique de l’âme

         •        Bien que le corps physique, ou gouf, ne soit pas traditionnellement compté comme une partie distincte de l’âme, il est néanmoins un élément essentiel de l’existence humaine dans la tradition hébraïque.

         •        Le gouf est vu comme un instrument du néfechroua’h, et néchama, un réceptacle nécessaire pour accomplir les commandements et vivre une vie en conformité avec la loi de Dieu.

         •        La vision juive, influencée par la croyance en la résurrection des morts, valorise le corps comme une création de Dieu. Dans cette perspective, le corps n’est pas perçu comme un obstacle à la spiritualité mais comme un élément à sanctifier par les actions et les commandements divins.

5. Unité et relation entre ces aspects de l’âme

         •        La tradition juive voit l’être humain comme une unité intégrée, où néfechroua’h, et néchamainteragissent en harmonie. Ce n’est pas une dualité ou une tripartition stricte comme dans certaines philosophies grecques, mais une vision dynamique où chaque aspect est en relation avec les autres pour former un tout cohérent.

         •        Ces différents aspects de l’âme permettent de vivre selon la volonté divine : le néfech gère la vie physique, le roua’h régit les émotions et les choix moraux, tandis que la néchama élève l’homme vers Dieu.

         •        Dans la mystique juive, notamment la Kabbale, ces niveaux d’âme sont perçus comme des degrés d’élévation spirituelle. La néchama est associée à une connexion spirituelle plus profonde, le roua’h à une inspiration plus émotionnelle, et le néfech aux instincts et aux énergies physiques.

6. La progression spirituelle : de néfech à néchama

         •        La tradition juive encourage un cheminement spirituel où l’individu cherche à élever son néfech (en contrôlant ses désirs) et son roua’h (en développant des valeurs morales) pour permettre à sa néchama de dominer, favorisant ainsi une union spirituelle avec Dieu.

         •        Ce parcours, soutenu par la pratique des commandements et la prière, vise à purifier l’âme et à rapprocher l’individu de sa nature divine. Les pratiques religieuses et éthiques sont des moyens de sanctifier toutes les dimensions de l’âme pour mener une vie sainte.

Dans la tradition hébraïque, la tripartition néfech-roua’h-néchama exprime une vision de l’homme où les aspects physique, émotionnel, et spirituel forment une unité destinée à servir Dieu. Chaque aspect a un rôle spécifique : néfech anime le corps, roua’h gouverne les émotions et l’éthique, et néchama relie l’homme à Dieu. La progression spirituelle dans le judaïsme consiste à aligner ces dimensions pour que l’être humain puisse vivre pleinement en harmonie avec la volonté divine.

IV – LA TRIPARTITION DANS LA TRADITION RELIGIEUSE CELTE

Dans la tradition religieuse celte, bien que l’on ne trouve pas une tripartition formelle corps-âme-esprit comme dans les traditions gréco-romaine ou hébraïque, il existe une vision holistique de l’être humain qui distingue divers aspects de l’individu liés à son corps, sa vitalité, et sa spiritualité. La compréhension des Celtes de la nature humaine et de la spiritualité est marquée par un lien profond avec la nature, les cycles de la vie, et les mondes visibles et invisibles. La perception de l’âme et de l’esprit est donc intimement liée à la terre, aux éléments naturels, et à un univers d’esprits et d’ancêtres.

1. Le corps physique et son lien avec la terre

         •        Dans la vision celtique, le corps physique est considéré comme une partie essentielle de l’individu, fortement lié à la terre et aux éléments naturels. Le corps est perçu comme un véhicule sacré, et les pratiques rituelles montrent un respect pour le monde matériel en tant que création vivante.

         •        Les Celtes croyaient que le corps, après la mort, retourne à la terre et continue d’exister dans une relation cyclique avec la nature, illustrant une conception circulaire de la vie et de la mort.

         •        Les rituels et cérémonies, comme les enterrements et les offrandes à la terre, soulignent l’importance du corps dans l’interaction avec le monde naturel et spirituel.

2. L’âme (Anam) – le souffle vital et l’individualité

         •        Anam, souvent traduit par « âme », est le terme en gaélique qui exprime la notion d’âme chez les Celtes. Cette âme est perçue comme le principe vital ou souffle de vie qui anime le corps. Elle contient les émotions, les désirs et l’essence personnelle d’un individu.

         •        L’âme est vue comme une force vivante, non seulement pour l’individu, mais aussi comme quelque chose qui fait partie du tissu du monde spirituel. Après la mort, l’âme est crue capable de continuer son existence dans l’Autre Monde, un lieu mystérieux et sacré, où elle rejoint les ancêtres et d’autres esprits.

         •        Le cycle de réincarnation est aussi une croyance chez les Celtes, suggérant que l’âme peut renaître ou se réincarner, passant d’un monde à un autre selon les cycles naturels et spirituels.

3. L’esprit (Awen) – inspiration divine et lien au sacré

         •        Dans la spiritualité celtique, le concept d’Awen (mot gallois signifiant « inspiration » ou « souffle divin ») joue un rôle important et peut être assimilé à la notion d’esprit. L’Awen est considéré comme une force divine qui inspire l’intuition, la créativité, et la connexion spirituelle avec les forces invisibles.

         •        L’Awen est souvent associé aux bardes, druides et voyants, qui sont les figures spirituelles et poétiques de la société celtique. C’est par l’Awen que ces individus reçoivent la sagesse, la vision spirituelle, et la capacité de communiquer avec les dieux, les esprits et les ancêtres.

         •        Dans cette tradition, l’esprit n’est donc pas une partie distincte de l’individu comme en philosophie grecque ; il est plutôt un flux d’inspiration divine qui traverse l’âme et le corps, reliant l’individu à des réalités supérieures et à des vérités sacrées.

4. Les trois réalités interconnectées

         •        La pensée celtique tend à considérer la réalité humaine en termes de connexions et d’interactions entre trois niveaux de réalité : le monde physique, le monde de l’âme (lié aux émotions et à l’individualité) et le monde de l’esprit (lié à l’inspiration et à la divinité).

         •        Les Celtes avaient une vision du monde en trois parties, souvent représentée dans leurs symboles : le Triskel ou le Triskèle, un symbole à trois spirales représentant l’unité des trois mondes ou des trois réalités.

         •        Cette trinité se reflète dans des éléments de la vie spirituelle, de la nature, et même de la structure de l’univers, exprimant une interconnexion plutôt qu’une séparation des parties de l’être humain.

5. Les druides et la vision spirituelle tripartite

         •        Les druides, prêtres et guides spirituels des Celtes, enseignaient que la vie humaine était en interaction constante avec les forces naturelles et les esprits de l’Autre Monde. Les druides tenaient un rôle de médiateurs entre les mondes et s’appuyaient sur les dimensions de l’âme et de l’esprit pour guider et guérir.

         •        Dans les cérémonies, les rituels et les initiations, les druides utilisaient l’Awen pour atteindre des états de conscience élevés et acquérir la sagesse spirituelle. Ce processus impliquait de purifier le corps, d’équilibrer l’âme, et de s’ouvrir à l’Awen.

         •        Cette tripartition, bien que non formalisée, montre une quête d’harmonie entre le physique (le corps), le vital (l’âme), et le divin (l’inspiration spirituelle).

6. La mort et l’Autre Monde : la continuité de l’âme

         •        Pour les Celtes, la mort n’était pas une fin mais une transition. L’âme était vue comme immortelle et destinée à voyager vers l’Autre Monde (souvent appelé Tír na nÓg, « Terre de l’éternelle jeunesse »), où elle vivait en harmonie avec les ancêtres, les esprits et les dieux.

         •        Ce concept de l’Autre Monde implique que la séparation entre le corps et l’âme n’est que temporaire ; l’âme peut éventuellement renaître, montrant une continuité de l’existence au-delà de la vie physique.

         •        Les rites funéraires et les offrandes aux défunts illustrent la croyance en une connexion permanente entre les vivants et les morts, intégrant à nouveau corps, âme, et esprit dans un cycle perpétuel.

La tripartition dans la tradition celtique se manifeste sous forme de concepts interconnectés de corps (liens avec la nature), âme (anam, le souffle vital et l’essence individuelle), et esprit (awen, l’inspiration divine). Ces aspects ne sont pas considérés comme des parties strictement séparées, mais comme des dimensions interconnectées qui participent à l’unité de l’être humain et à sa relation avec les mondes spirituels. L’être humain est perçu comme faisant partie d’un cycle naturel et sacré où le corps, l’âme, et l’inspiration spirituelle coexistent et s’influencent constamment, dans une quête d’harmonie avec la nature, les ancêtres, et le divin.

Vogesus le 01/11/2024 pour la Toussaint autrement dit Samonios