Les origines du temple chrétien ne répondent pas à une tradition unique, plusieurs doctrines ou versions s’entrecroisent laissant à ceux qui recherchent des doutes et des interrogations.
Le nouveau Testament ne laisse aucune information, ne donne aucune indication pour la construction et la disposition d’un édifice chrétien. Il faudra puiser dans l’Apocalypse 11:1 pour relever des pistes.
Apocalypse 11:1 « on me donna un roseau semblable à une baguette : lève toi et mesure le temple de dieu, l’autel et ceux qui y adorent »
A contrario l’Ancien Testament est plus précis dans Rois 6
6:2 La maison que le roi Salomon bâtit à l`Éternel avait soixante coudées de longueur, vingt de largeur, et trente de hauteur.
6:3 Le portique devant le temple de la maison avait vingt coudées de longueur répondant à la largeur de la maison, et dix coudées de profondeur sur la face de la maison.
Certains reconnaissent des similitudes entre un édifice chrétien et le Temple de Jérusalem, d’autres se réfèrent aux origines des premiers rassemblements de chrétiens à Rome dans un lieu public appelé « basilica ».
La basilique civile romaine était un lieu de rassemblement public, avec son marché, éventuellement un tribunal, une agora. Sa forme rectangulaire a directement inspiré les basiliques chrétiennes. D’où la forme rectangulaire des premières églises constituée d’un seul tenant jusqu’à la fin de la période romane.
A contrario des constructions romaines, largement éclairées et suffisamment vaste pour accueillir un public nombreux, les premiers édifices romans sont compactes avec peu d’ouvertures lumineuses. L’essentiel étant de faire apparaître les trois grandes Lumières. Symboliquement l’obscurité des premiers temples chrétiens correspond à la Lumière intérieure. Le rapprochement est possible avec le Saint des Saint du Temple de Jérusalem qui est illuminé par la Lumière « divine » par opposition à la lumière du monde ou lumière extérieure. Ainsi le fidèle peut considérer que le monde est dans l’obscurité et l’église dans la Lumière
Parmi les liturgistes, des pères considèrent le temple comme un simple abri pour la communauté des chrétiens qui une fois réunis constituent la communauté des fidèles.
Bible Louis Segond
Matthieu 18:20 Lorsque deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.
C’est oublier la part croissante des païens nouvellement convertis qui participent au modelage du temple avec leurs culture et leur histoire.
Refaisons un peu d’histoire et cherchons à observer sous l’angle de la sociologie comment le christianisme s’est répandu puis s’est progressivement institué en Eglise avec pour conséquence de construire des édifices toujours plus nombreux.
Des années 100 à 200 la communauté des Nazoréens était peu nombreuse, composée principalement de juifs qui après la synagogue se retrouvaient entre eux pour célébrer la sainte cène. Les familles s’accueillaient à la maison, quelques rares païens convertis à la nouvelle foi les rejoignaient.
Le mouvement prenait une ampleur lente au gré de la communauté juive répartie autour du bassin méditerranéen.
À la suite des apôtres, des représentants de l’église allèrent porter la parole dans des contrées de plus en plus reculées et recevaient la conversion des païens.
Bien entendu l’enseignement était sujet à discussion et à interprétation, par exemple sur la nature de Dieu, de Christ et du Saint Esprit ainsi que la relation qui pouvait être faite entre eux.
A considérer le docétisme qui ne voyait pas Christ incarné en homme et préférait citer Saint Jean qui se référait « la parole se fit chair »
L’arianisme qui reconnaissait Jésus en qualité de fils de Dieu mais incarné en homme sans disposer d’aucune part divine avec pour mission de porter la parole.
L’Ebionisme plus confidentiel voyait d’abord l’homme en Christ et plaçait une grande importance dans la pauvreté. La parole divine étant portée par un homme pauvre et libre de tous les artifices de la richesse.
Le nestorianisme qui reconnaissait deux natures en Christ, l’une divine, l’autre humaine.
Le premier concile de Nicée en 325 après JC Le rite chrétien se structure et établit progressivement ce qui relève d’une doctrine. Le temps des premiers chrétiens s’efface et l’idée du temple prend progressivement une autre place dans l’esprit des fidèles
Les conciles suivants, celui de Nicée puis ceux d’Ephèse prolongent cette volonté d’unifier la pensée chrétienne autour de textes dits canoniques. L’action ira jusqu’à condamner tout autre courant.
Progressivement l’église s’organise en corps constitué avec un pouvoir de reconnaissance et devient une réalité sociétale et politique.
Autour des années 1000 jusque vers la fin du 12ème siècle, les évèques décidèrent de se tourner vers la grande masse des populations païennes. Les racines juives du christianisme furent pour un temps mis en léger retrait.
Il fallait aller vers ces païens comprendre leurs divinités et dans la mesure du possible investir les lieux sur lesquels ils venaient pratiquer leurs rituels. Sources, arbres, menhirs et dolmens progressivement devinrent des composants des édifices chrétiens.
De nombreuses églises et Cathédrale ont été édifiés sur des lieux de cultes païens dont certains parlent comme étant des hauts lieux.
A l’exemple de la Cathédrale de Strasbourg, lieu de culte celte, Dieu Esus, puis dédié à Hercule Dieu des légions et enfin à Mithra avant d’accueillir le premier temple chrétien.
Parallèlement de nombreux saintes et saints (parfois créés de toutes pièces) vinrent se confondre aux divinités païennes. L’imagerie chrétienne reprit les symboles et images des païens. Notons que des 3 religions du livre le catholicisme est la spiritualité qui reprend force représentations de statues et d’images peintes. Le protestantisme quelques siècles plus tard n’avait pas les mêmes pratiques. Référence à la mythologie chrétienne de Philippe Walter.
De surcroît l’imagerie chrétienne permis l’enseignement de la bible et la transmission de transmission. Nous ne sommes pas loin de la pratique des Bardes, appelés plus tard troubadours ou conteurs qui relataient soit des faits d’armes soit la morale chrétienne au travers d’histoire d’amour.
Rares étaient les édifices cultuels païens, du nord de l’Europe la nature et la pratique de rituels en extérieur étaient privilégiés. Seules des nécropoles dédiées à leurs chefs étaient faites de pierres.
La présence romaine a très certainement contribué à répandre d’est en ouest de l’Europe l’idée du temple, lieu de culte, les romains certes et plus loin encore dans le temps, grecs, égyptiens et sumériens.
D’évidence le christianisme sera traversé par de multiples courants spirituels jusqu’au milieu de 16ème siècle
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