C’est une tendance naturelle à l’homme de se grandir à ses propres yeux par le rappel d’un ancêtre dont il estime naturellement avoir toutes les qualités, mais ce phénomène, vrai à l’échelle individuelle, l’est aussi à l’échelle sociale : ainsi en est il des celtisants qui, s’identifiant à ce peuple disparu, se complaisent dans un état d’âme non dénué de mélancolie, état que l’on reconnaît dans les ouvrages des auteurs bretons visant à expliquer l’âme Celte.
«Peu de races, nous dit Renan, ont une enfance poétique aussi complète : mythologie, lyrisme, épopée, imagination romanesque, sentiment religieux, rien n’y manque. »
Et Le Braz nous dit d’eux : «Pour maintenir leur intégrité illusoire, ils se sont usés à lutter à lutter contra l’inéluctable. Ainsi s’explique la tristesse dont leurs chants sont empreints, tristesse non révoltée mais plaintive, résignée comme il convient à des créatures douces. »
Quand Rénan voyait dans les Celtes une race, c’est à dire un ensemble d’individus d’un type physique déterminé, il se trompait. Les Celtes formaient un peuple comprenant des groupes appartenant à des races différentes. Certains de ces groupes tels les Irlandais, les Gallois et les Bretons à l’abri par leur situation géographique des influences extérieures conservèrent plus que d’autres leur très anciennes traditions mais tous participèrent à l’origine caractéristique du monde Celtique qui contribua grandement à l’élaboration de la culture occidentale après avoir, pendant deux millénaires, empli le monde antique de sa turbulence.
J– A. Mauduit 1973 L’Epopée des Celtes
Mise à jour 29.03.2016